Cécile Genest | À nos terres troubles dans le cadre du festival Itinéraire des photographes voyageurs 2024 biographie
Née en 1979, Cécile Genest mène un travail au long cours à la chambre photographique interrogeant les territoires et leur patrimoine végétal.
Partant du constat que l’histoire géologique explique en partie la diversité des paysages, elle nous emmène à la recherche d’une terre et d’une flore primitive sous la forme d’un conte scientifique, s’appuyant parfois sur la paléobotanique.
Entre démarche documentaire et approche poétique, elle cadre « au près » une nature multiforme, autant de ‘terres troubles’ qui racontent nos paysages. En photographiant à la frontière du terrestre et de l’aquatique, ronces, fougères et arbrisseaux entremêlés, Cécile Genest dresse le portrait tantôt précis, tantôt évanescent d’un monde végétal extraordinairement vivant mais issu du profond de l’évolution.
A travers cette nature originelle imaginée ou identifiée par des traces existantes de notre patrimoine géologique, la flore photographiée ne serait qu’une relique d’une longue histoire de la Terre.
Son travail fait écho à plusieurs problématiques contemporaines : environnementales et géographiques (valorisation de territoires aux écosystèmes puissants, préservation de sites protégés) mais aussi historico-géologiques (accélération du temps écologique : comment hériter du temps très long de la vie avec sa richesse, sa diversité, et faire face aux bouleversements assez massifs qui arrivent avec le futur le plus imminent.)
Diplômée de l’école des Beaux-Arts de Nantes, passée par le College of Art & Design de Dundee en Ecosse et plus tard par l’école des Gobelins à Paris, elle vit et travaille en tant que photographe entre Nantes et Paris. Elle est lauréate 2024 de la résidence de recherche et de création des Photographiques, le festival de l’Image - Le Mans. Cécile Genest est représentée par l’agence Caroline Berton.
«Au début, il faisait aussi sombre que par une nuit de pleine lune», expliquait dans un communiqué le chercheur américain Owen Toon. La crise Crétacé-Tertiaire (limite K-T) est l’une des 5 crises majeures qui ont marqué les temps phanérozoïques, soit les 545 derniers millions d années de l’histoire de la vie sur Terre.
Il y a 65 millions d’années, l’impact d’une météorite de dix kilomètres tombée dans le Yucatan asssocié à une activité volcanique accrue eut une influence à l’échelle planétaire : cette coïncidence entre météorite et volcanisme aurait fait disparaitre près de 75 % des espèces animales sur la planète et plongé la Terre dans l’obscurité pendant près de deux ans, avec un effondrement de la photosynthèse et derrière, de toute la chaine alimentaire.
À quoi ressemblaient donc les terres en ces temps troublés ? De nos jours, où chercher la trace de cette genèse terrestre ? Quelles sciences alors interroger pour mieux comprendre l’histoire de nos paysages ? Dans la série « À nos terres troubles », Cécile Genest soulève ces questions sous la forme d’un conte photographique ancré dans nos sols.
En photographiant les composantes de la biodiversité sur les rives de la Loire, ou d’autres espaces naturels au patrimoine végétal ou géologique identifiés, elle part à la recherche de l’histoire évolutive de la botanique et dresse une ode au vivant de nos haies, rives, mares, broussailles, forêts ou murs végétaux. Elle reproduit en parallèle des images de végétaux fossiles, questionnant ainsi l’épaisseur du temps dans le sensible qui nous entoure, qu’il soit périssable ou pérenne.